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Où est passé mon 14 juillet ?

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Quarante-quatre ans n'est pourtant pas un âge si avancé ! Mon éloignement de Carcassonne pour raisons professionnelles depuis dix-sept ans ne m'a fait manquer qu'un peu moins de dix 14 juillet ; c'est dire si j'ai été assidu à cet évènement dans ma ville de naissance. Il me semble donc que j'ai toute légitimité pour comparer celui-ci avec les précédentes éditions. Je peux sans peine me confondre avec n'importe quel touriste découvrant Carcassonne et sa fête nationale pour la première fois...

Il est 14 heures quand avec mon véhicule je rentre dans Carcassonne par la route de Limoux. Au niveau du pont de l'hôpital, un panneau jaune semble indiquer une interdiction de circuler dans la ville. Son mauvais emplacement sur le rond-point et la petitesse de l'écriture manuscrite au stylo feutre, m'obligent à faire à nouveau le tour de ce fichu rond-point. Je ralentis, au risque de me faire percuter par les véhicules qui me suivent ; je m'aperçois alors que l'accès au centre-ville sera fermé à partir de 15h30. Je suis dans les clous, mais je plains  les touristes qui arriveront après ce délai, car aucun indice à l'horizon n'indique un parking de délestage ou une éventuelle navette faisant la liaison. Ils iront tous à la Cité engorger les voies d'accès et se garer sur l'un des parkings municipaux ; ils devront s'acquitter de la modique somme de douze euros pour six heures.

Je poursuis mon chemin vers ma destination finale située près du Quai Bellevue, où réside ma tante. Après quoi, je range ma voiture dans son garage et me rends à pied vers le centre-ville. À ma surprise générale, je n'ai croisé aucun fanion aux couleurs de la France entre deux platanes ou deux trottoirs. Les aurais-je manqué ? Je m'accorde un instant de curiosité en m'arrêtant au nouveau square Gambetta, tout fraîchement inauguré, qui donne enfin des couleurs à cette miséreuse entrée de ville comprise entre le haut et le bas de l'avenue du général Leclerc. C'est un vestige des années 60 qui n'a pas été rafraîchi depuis... Revenons au square ; là, devant le monument à la Résistance, j'ai enfin aperçu un drapeau mis en berne. Tiens, on n'a pas déposé de gerbe ?

Instituée par la municipalité Chésa dans les années 90, la braderie a été maintenue. Autrefois, elle attirait un grand nombre de touristes et on se marchait dessus. J'ai hâte de retrouver cette ambiance populaire et je me lance dans la rue de Verdun. Une poignée de commerçant a visiblement joué le jeu de la journée commerciale et l'espace entre les étals n'est pas comblé par ceux qui ont décidé d'aller à la plage ce jour-là. La ville n'a visiblement pas autorisé les marchands ambulants, comme à l'accoutumée, à prendre part à la braderie. De ce fait, on sait qui n'y participe pas. Tout ceci donne un aspect désordonné et hétéroclite à une manifestation sensée amener du monde en ville et l'animer. Abordons donc ces deux derniers sujets.

L'animation de la braderie est nulle puisqu'il n'y a en a pas. Aucun animateur, aucune animation musicale ; même pas le souffle d'une musique grésillante dans les haut-parleurs municipaux. Quant à une fanfare ou des artistes de rue, c'est à croire qu'ils ont été priés d'aller ruminer ailleurs. Ah ! Si, tout de même... On a eu droit à 18 heures, au bal à papa de M. Lacroux sur la place Carnot. On aurait pu s'attendre à y voir la promotion des produits du terroir, mais elle a été remisée au bord du square André Chénier. Là-bas, entre le va-et-vient des voitures passant sur le boulevard et les gaz d'échappement, une poignée de producteurs locaux et un animateur tentaient d'attirer le chaland. Quelle misère ! On ne mélange pas les oeuvres organisées par la mairie et celles du Conseil général ; l'intérêt de Carcassonne passe après les querelles politiques. C'est bien connu dans cette ville.

Que pourrais faire ? Tiens, je vais aller visiter l'exposition Raoul Duffy et le Centre Joë Bousquet. J'ai trouvé porte close au Musée des Beaux-arts et à la Maison des mémoires. Je n'ai dû mon salut qu'à la visite de l'église Saint-Vincent qui, par chance, était restée ouverte au public. Un guide fort mal placé à gauche de l'entrée distribue des dépliants et invite les touristes à visiter le clocher. Sur sa table qui tient seulement par des tréteaux en déséquilibre, ornée d'une nappe empruntée aux chiffonniers d'Emmaüs, on trouve des infos rangées dans des cartons pour transporter des fruits et légumes. C'est du plus bel effet. Rappelons que c'est la ville qui a la gestion de l'église... Comme elle a la gestion des nids de poules qui ne semblent pas la gêner dans la Bastide. Les miens se trouvaient à la hauteur du café des platanes, en haut de la rue Jean Bringer ; deux énormes traoucas de 20 centimètres de profondeur. Il n'y a pas d'argent pour le patrimoine, ni pour le goudron. 

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L'Indépendant a vu la même chose

Un passage à la Cité m'a convaincu de ne pas y rester longtemps. La foule qui avait déserté la Bastide, se trouvait engorgée dans les ruelles étroites de la vieille ville. J'ai tout de même voulu aller voir l'annexe "provisoire" de l'office du tourisme. On l'a logé dans des casitas de la Féria contre le mur du cimetière. C'est pas un bel enterrement, ça ! Voici ci-dessous, ce que j'ai constaté.

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Les visites guidées de la Cité sont comprises dans le prix du billet, mais les guides ont des disponibilités variables et surtout sont absents au mois d'août. Vous le croyez dans une ville patrimoine UNESCO et qui vient d'obtenir le label "Ville d'art et d'histoire" ?

Avant le feu d'artifice, j'ai voulu aller dîner au café du Dôme. D'habitude, c'était noir de monde, mais presque personne. En me rendant Quai Bellevue, à quelques mètres de là, j'ai compris de suite. La ville avait autorisé six ou sept marchands ambulants à proposer de la restauration à emporter. Ils faisaient cuire de la saucisse et des merguez à vous dégoûter de l'odeur, dans le bruit des groupes électrogènes qui ronflaient sous le nez des touristes en attente de l'embrasement. Quel spectacle pitoyable ! 

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