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Paris-Carcassonne, le grand magasin de nouveautés de la place Carnot

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A la fin du XIXe siècle, Carcassonne possède deux grands magasins dans le style des Galeries Lafayette : Le bazar Combéléran (actuel Monoprix) dans la rue de la gare et le Paris-Carcassonne. Installé sur la place aux herbes (place Carnot), on y trouve une large gamme de produits qui font le bonheur de la ménagère et de l'homme distingué.

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En 1897, le directeur J. Peyras veille sur un grand nombre d'employés chargés de satisfaire la clientèle. L'importance du personnel peut se mesurer en fonction des postes de vente : Ameublement avec un atelier de tapisserie, horlogerie et bijouterie, armes de chasse, argenterie, tailleur avec atelier de coupe, meubles de style, confection pour dames, tissus, etc. On trouve presque de tout au Paris-Carcassonne.

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© Collection Patrice Cartier

La photographie ci-dessus illustre parfaitement l'attractivité de ce magasin au sein de la ville. C'est dans les années 1960-1970 que le Paris-Carcassonne cessa définitivement ses activités. Que reste-il de nos jours de sa présence ? Juste les souvenirs de ces Carcassonnais regrettant que leur magasin ait ainsi disparu. La mode des grands magasins ne subsiste désormais que dans les grandes villes. 

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L'emplacement du Paris-Carcassonne sur cette photographie de 2010. Aujourd'hui, il y a Carrefour market. Lorsque vos grand-parents évoqueront le souvenir de ce grand magasin d'autrefois, vous saurez le situer.

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018


La banque populaire de l'Aude, d'hier à aujourd'hui

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A l'heure où les grandes banques françaises font le choix de fermer leurs agences afin de replier leurs services sur internet, la Banque populaire de Carcassonne tient encore le coup. Pour combien de temps encore, sachant que la Société générale a fermé ses guichets de la place Carnot et que d'autres lui emboitent le pas ? Moins d'humains, beaucoup plus de machines... et toujours les mêmes tarifs et commissions pour la banque.

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La Banque populaire de l'Aude en 1925

Au départ, l'actuelle banque populaire est un groupe mutualiste. Il offre des services aux petits porteurs (artisans, commerçants, professions libérales) n'ayant pas accès aux grandes banques commerciales. C'est la loi de mars 1917 du ministre du commerce Emile Clémentel va indirectement donner naissance aux Banques populaires et à leur statut coopératif. Dans la foulée, une agence ouvre ses bureaux à Carcassonne en 1919, au 1er étage du 6 rue de Verdun, avec un directeur et un seul employé. Il s'agit de la Banque populaire de Carcassonne.

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Les locaux de la Banque populaire en 1919

Ce n'est qu'en 1924 que l'agence se déplacera au n°10 où elle se trouve encore aujourd'hui. Ces anciens locaux passeront entre les mains de l'Office régional de banque et d'informations financières. C'est là également qu'Antoine Guiraud de Lévizac possédait son bureau de Courtier en produits agricoles et Me Nogué, avait son étude d'avoué.

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Les guichets de la nouvelle agence en 1925

Elle prend le nom de Banque populaire de l'Aude ; ce n'est que dix ans plus tard que l'Ariège sera ajouté à cette dénomination. L'aspect extérieur n'a guère évolué, si ce n'est la disparition de la porte monumentale et l'inscription entre les deux étages. Les bureaux logaient dans le corps de bâtiment donnant sur la rue. La cour fut fermée avec une verrière et transformée en salle des guichets. La comptabilité se faisait au second étage. Le directeur Ernest Albert habitait dans l'agence.

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L'agence de Carcassonne-Verdun

Les transactions bancaires se faisaient à cette époque essentiellement en argent liquide. Des employés, nommés recouvreurs, étaient chargés d'effectuer les encaissements à domicile. D'ailleurs, Jean Ricard et Léon Raynaud résidaient dans l'agence, avec la famille du directeur...

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Le Garçon de recettes 

Leurs uniformes différaient selon les banques, mais ils étaient généralement bleus avec le sigle de la banque brodé de fil d'or sur le revers du col. La casquette remplaça peu à peu le bicorne, mais sur la carte postale ci-dessus des années 1910 il était encore en usage. Dans une solide sacoche de cuir noir attachée à eux par une chaînette, les recouvreurs transportaient ainsi les valeurs. Imaginerait-on cela aujourd'hui ? Pourtant, ce métier a perduré jusque dans les années 1960.

Sources

Alfred Raucoules / Gambetta - Verdun - Davilla / 1990

Loi de mars 1917 / Emile Clémentel

Histoire des banques mutualistes 

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

Mrg Jacques Despierre aussi bien que Johnny Hallyday au Grand Théâtre de la Cité

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Combien étaient-ils ? Beaucoup avaient pris place sur les remparts, du haut des quels ils surplombaient une scène fort encombrée. Si ce jour-là la foule des fidèles fut difficile à évaluer, on peut estimer qu'il y a avait 5000 personnes dans le Grand théâtre de la Cité. De qui parle t-on des Rolling stones, des Beatles ou de Johnny Hallyday ? Eh ! bien, non. La vedette de ce 10 octobre 1982 est un homme d'une grande simplicité et humilité, qui allait succéder à Pierre-Marie Puech à la tête de l'évêché de l'Aude : Jacques Despierre.

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© Droits réservés

L'ordination de Jacques Despierre, né à Toulouse le 6 mai 1928, fut célébrée par Mgr André Collini (archevêque de Toulouse), Mgr Sabien (Evêque d'Agen) et Mgr Pierre-Marie Puech (évêque de Carcassonne) qui descendait de charge. Outre, bien entendu, le rituel liturgique et les chants, il fut rappelé au nouvel évêque l'histoire de ses prédécesseurs dans l'Aude.

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L'imposition des mains et la remise de l'anneau pastoral

Ce n'est pas dans émotion, dit Mgr Puech, que votre évêque votre parle pour la dernière fois. Puis s'adressant à Mgr Despierre, il ajouta : "Tout un peuple vous attend. Vous lui donnerez vos forces et votre vie, vous lui donnerez Notre-Seigneur. Un évêque est l'employé du Christ, toute sa valeur vient du Christ. L'homélie de Mgr Collini n'en faut pas moins écoutée : "Vingt ans après "Vatican 2", l'on se représente un évêque de façon incomplète - parfois, de manière caricaturale. Il suffit d'interroger les gens pour s'en apercevoir. Pourtant, quand on pose la question de savoir qui furent les premiers évêques, les gens interrogés vous répondent que ce furent les apôtres." Pour Mgr Collini, l'apostolat doit être un humble service de tous. L'évêque n'est pas au-dessus de sa communauté, c'est un frère au milieu de ses frères. De par la volonté du Christ, il est le serviteur de tous. Pour exercer vraiment ce qui est requis de lui, il doit demeurer un missionnaire.

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Le nouvel évêque de l'Aude reçut la crosse qui fut offerte à Mgr Le Camus le 2 février 1901 par ses amis du clergé de Carcassonne. Mgr Le Camus, prêtre du diocèse, avait été nommé cette année-là, évêque de La Rochelle. La célébration de l'ordination de Mgr Jacques Despierre se termina par le Magnificat chanté par la foule à l'intérieur du théâtre. N'oublions que sur cet emplacement s'élevait jusqu'à la Révolution, le Palais épiscopal de Carcassonne.

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© Thierry Tiberghien

Jacques Despierre vit le jour à Toulouse le 6 mai 1928. Ordonné prêtre le 24 juin 1952, il passa 38 années au sein du diocèse de Toulouse auprès des plus pauvres et de plus démunis. D'une grande simplicité qui trancha avec le côté un peu rigoriste de son prédécesseur, Mgr Despierre démontra ses qualités d'homme de terrain. Dynamique, très attentif aux problèmes sociaux et économiques, jamais il ne se départit de sa mission guidée par l'Evangile. Ces premières paroles furent les suivantes : "Il n'y a pas de diocèse sans évêque, mais l'évêque tout seul ne fait pas le diocèse." Mgr Despierre n'a jamais caché son côté méridional et sa pointe d'humour qui fait de lui un personnage extrêmement sympathique, qui réussit à faire l"unanimité même chez les "brebis égarée". Au classement des évêques (si, cela existe !), Mgr Despierres n'eut jamais une seule mitre. Toutefois, qu'il soit conscient que ceux qui l'on connu le gardent encore dans leur cœur ; que cela vaut toutes les récompenses. Aujourd'hui, à près de 90 ans cet homme d'église s'est retiré dans une maison de retraite, Mgr Planet veille désormais sur les ouailles du département.

Sources

Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

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Le grand magasin de vêtements Alexandre Dony à Carcassonne

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Le premier magasin Dony est crée à Limoges en 1894, 4 rue des Halles, par Alexandre Dony (1860-1936) alors associé à Paul de Laval et Joly de Bénac. L'aventure carcassonnaise débute en 1925, quand M. Bauville laisse sa boutique de tailleur. Dony magasin.jpg

© A. Dony

Le magasin A. Dony de Carcassonne

Après plusieurs décennies, le vieux tailleur Bauville passé maître en vêtements sur mesure, gabardines, chemises et bonneterie prend sa retraite. 

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Nous avons retrouvé dans le travail d'Alfred Raucoules sur la rue de Verdun, une vue de la boutique Bauville avant l'arrivée du magasin Dony.

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On s'aperçoit que le rez-de-chaussée faisait apparaître des fenêtres de forme ogivales donnant sur la rue.  Lorsqu'en 1925, le magasin Dony vint s'installer en lieu en place de Bauville, il effectua des travaux. 

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Le magasin Dony après les travaux de 1925

Construite dans le style Art-Déco de cette époque, la façade révélait des motifs floraux et le noms des boutiques de l'enseigne en France : La Rochelle, Caen, Lyon, Calais, Limoges, etc. Ces inscriptions sculptées ont été effacées par une couche de peinture. Il suffirait de rien pour qu'elles ne réapparaissent. L'enseigne Dony ne possède plus à l'heure actuelle que sept magasins en France avec celui de Carcassonne.

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En 1925 le directeur Carcassonnais était Paul Rodange, puis ce fut Théophile Richard à partir de 1931. L'atelier comportait un coupeur, deux apiéceurs et trois retoucheuses, plus des vendeurs.  

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L'intérieur de la boutique en 1931

Sources

 Notes, synthèse et recherche / Martial Andrieu

Alfred Raucoules

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Y avait-il une villa romaine dans le quartier de la Trivalle ?

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Au mois de mars 1968, Antoine Labarre fait une découverte peu ordinaire dans un terrain situé en bordure de la montée Combéléran, de la rue Gustave Nadaud et de la rue Trivalle. C'est précisément à cet endroit que se trouve actuellement un des parkings goudronnés de la Cité, construit au début des années 1970. Monsieur Labarre, archéologue amateur et membre de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, passa sa retraite à signaler des lieux de fouilles et à tenter de sauver ce qui pouvait l'être. Ces faits d'armes furent relatés dans la presse locale, dans laquelle il tenait régulièrement une chronique. Qu'avait t-il découvert en ce mois de mars 1968, après que que les pelles mécaniques ont sorti des excavations, du terrain de Mme Bousquet ?

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Ci-dessus le terrain de Mme Bousquet, rue Trivalle

A cet endroit, Antoine Labarre trouva un nombre considérable de tegulae avec imbrices. Il s'agit de tuiles creuses servant dans l'Antiquité romaine à couvrir les toits. Avec ses tegulae se trouvaient également des  fragments d'amphores et de la poterie. Celle-ci provenait du site de Graufesenque près de Millau (Aveyron) qui fut au 1er siècle le site le plus important de production de céramique.

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Évocation depuis le sud-est de la villa des Alleux à son apogée.
© G. Le Cloirec – Inrap

Ces tegulae désignent l'emplacement d'une ancienne villa romaine, et la Graufesenque, permet de dater cette agglomération. Elles montrent également que le passage de l'antique "Via Aquitania", devenue beaucoup plus tard "Voie royale", était route de Berriac (avenue Jean Moulin). Elle traversait l'actuelle avenue du général Leclerc (qui n'existait pas), suivait la Trivalle et franchissait la rivière Aude.

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L'ancienne route de Berriac à Carcassonne

Il est rapporté qu'un Carcassonnais vit dans son enfance d'immenses dalles pavant certains passages de la route de Berriac et qui sont aujourd'hui recouvertes de goudron. La logique veut qu'un antique Villa n'ait pu être située qu'au bout d'une voie de communication. Or, une Villa romaine était une agglomération autarcique. Habitée généralement par plus de 500 personnes, elle était l'unité cellulaire de l'empire romaine en Gaule. 

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A pied de ce terrain, désormais en bordure de la rue Trivalle, se trouve cette espèce de borne. Pour beaucoup de Carcassonnais, elle reste une énigme de l'histoire.

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

Jean Cabouat (1898-1969), autopsie d'un préfet de l'Aude sous Vichy

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Jean Michel Adrien Cabouat naît le 9 octobre 1898 à Cæn (Calvados). A l’âge de dix-huit ans, il s’engage dans l’armée française pour combattre les Allemands durant la Grande guerre, jusqu’en octobre 1919. Blessé de guerre, il sera amputé des orteils du pied gauche. Légion d’honneur et Croix de guerre à la boutonnière, Jean Cabouat se marie le 28 mai 1923 à Paris avec Marthe Hendlé (1899-1981). Cette dernière n’est autre que la petite fille d’Ernest Hendlé (1844-1900), ancien préfet de la Troisième République. De cette union, naîtront deux enfants : Jean Marcel Emile (1924-1990) et Michèle.

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Philippe Pétain, Jean Cabouat et Jules Jourdanne à Carcassonne en 1942

Pendant les années folles, Jean Cabouat occupera divers postes dans la haute administration dont le plus notable sera celui de chef particulier du secrétariat du Ministre des finances en 1921. Préfet du Lot en mai 1937, renonçant ensuite à son affectation spéciale en décembre 1939 et malgré une invalidité de 60%, il s’engage dans le conflit entre février et juillet 1940 au sein de l’armée française. Démobilisé après l’armistice, il se retire à Cahors.

Le 4 septembre 1940, le gouvernement de Vichy le nomme comme préfet de la Creuse. Sans zèle particulier mais avec application, Jean Cabouat met en œuvre les textes fondant la Révolution Nationale. Parmi eux, les lois d’exception et lois raciales sur le premier statut des juifs (3 et 4 octobre 1940), visant l’internement des étrangers. 

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La préfecture de la Creuse à Guéret en 2018


On pourra citer à titre de témoignage, la lettre qu’il écrivit au Garde des Sceaux à Vichy au sujet du Dr Elman. Ce courrier a été posté par Bernard Elman, le fils de ce dernier, sur le site de Médiapart.

"J’ai l’honneur d’appeler votre haute attention sur la situation du Docteur ELMAN Moïse de Bourganeuf, sujet roumain naturalisé français par décret en date du 9 Juin 1938 а l’époque où il résidait а Pontarion (Creuse).
Nй le 2 Juin 1907 а Cétatéa Alba (Roumanie), le Docteur ELMAN s’est marié le 17 octobre 1934 а Montpellier avec Melle Genkin Eila, nйe le 8 septembre 1909 а Vitebsk (U.R.S.S.), étudiante en pharmacie ; il est père de deux enfants.
Très peu de temps après sa naturalisation, le Docteur ELMAN a quitté Pontarion pour s’installer а Bourganeuf sur la proposition qui lui avait été faite par l’Union des Coopérateurs du Centre, Société Coopérative au Capital et Personnel variables, possédant dans le département un nombre considérable de magasins d’alimentation а succursales multiples et une filiale intitulée « Coopération et Travail », Société de Secours Mutuels approuvée.
L’Union des Coopérateurs et sa filiale avaient divisé le département en secteurs attributs chacun à des médecins appointés chargés de soigner tous leurs adhérents moyennant un fixe de 50 000 francs auquel venaient s’ajouter le logement et les frais d’automobile.
Les tendances Front populaire de l’Union des Coopérateurs du Centre ont été nettement affirmées à plusieurs reprises et ses administrateurs se recrutaient aussi bien parmi les adhérents du parti Socialiste et Communiste qu’au sein des organisations syndicalistes les plus extrémistes.
Aussitôt installé à Bourganeuf, le Docteur ELMAN qui s’était jusqu’alors montré un adhérent fervent du syndicat médical de la Creuse démissionnait avec éclat et entrait directement en lutte avec cette organisation qui avait jusqu’alors refusé de soigner les adhérents de la société « Coopération et Travail » à des tarifs voisins de ceux de l’assistance médicale gratuite.
Son geste fut d’autant plus sévèrement apprécié qu’il avait mis tout en œuvre pour obtenir l’appui du syndicat à sa demande de naturalisation en faisant étalage d’un loyalisme de néophyte.
L’installation du Dr. Elman а Bourganeuf a coïncidé à peu de chose près avec l’afflux massif de réfugiés espagnols, et grâce à l’appui, pour ne pas dire à la complicité des autorités municipales de cette ville et notamment de M. RIFFATERRE, député-maire, ce praticien obtint que lui soit réservé le quasi-monopole des soins à donner au titre de l’assistance médicale gratuite aux réfugiés.
C’est ainsi qu’il a pu obtenir, sur état certifié par le Maire, le paiement d’honoraires d’assistance médicale gratuite s’élevant à la somme de 6.984 francs, uniquement pour les visites faites sur le territoire de la ville, sans aucune indemnité kilométrique.
D’autre part, le Docteur ELMAN a donné libre cours, depuis son installation dans sa nouvelle résidence aux sentiments qu’il avait jusqu’alors soigneusement cachés : devenu un des zélateurs les plus actifs de la municipalité, il a été pour elle, un propagandiste de premier ordre.
Pendant les hostilités, il a été mobilisé au titre de médecin auxiliaire du 15 octobre 1939 au 20 juillet 1940, d’abord а la 13ème section d’infirmier militaire а Clermont-Ferrand, puis au 171ème régiment régional а Saint-Gaudens et а Toulouse.
Depuis sa dйmobilisation, Monsieur le Docteur ELMAN s’est signalé à mon attention par sa propagande sournoise et fort habile d’ailleurs, la seule qui soit possible, c’est-а-dire de bouche-а-oreille.
Il n’est pas douteux qu’un médecin qui possède la totalité de sa clientиle dans la classe ouvrière d’une ville peut opérer du point de vue politique des ravages incessants du point de vue moral.
Bien que le contrat qui le liait а L’union des Coopérateurs du Centre soit devenu caduc depuis les hostilités, le Docteur ELMAN n’en a pas moins conservé une certaine autorité qu’il mettait au service d’un dénigrement systématique du régime actuel et de l’ordre nouveau.
J’ajoute qu’il est loin de donner l’impression d’un homme assimilé à nos mœurs et à notre culture. Retors d’allure et de manière, ayant conservé un fort accent étranger, prenant part difficilement à une discussion, il ne semble pas constituer un apport intéressant pour la collectivité française.
En résumé la personnalité du Docteur ELMAN s’apparente étroitement а une catégorie d’étrangers qui n’ont nullement appris à aimer la France et qui l’ont au contraire desservi utilisant à leur seul profit l’hospitalité et l’appui qu’ils en avaient obtenus.
C’est un métèque « dans le sens de plus antipathique et le plus mauvais du mot ».
C’est pourquoi, je ne puis que vous prier, Monsieur le Garde des Sceaux, de vouloir bien examiner la possibilité de réviser, dans le plus bref délai possible, le dossier du Docteur Elman, en vue du retrait de la naturalisation dont il a bénéficié ainsi que sa femme."

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Georges Bruguier, victime de J. Cabouat

C’est après son passage en Creuse que le préfet Cabouat est nommé dans l’Aude par le maréchal Pétain. Il arrive dans la préfecture audoise en remplacement de Paul Alapetite le 6 juillet 1941. Il y restera jusqu’en septembre 1942 avant de laisser la place au sinistre Marc Freund-Valade. Cabouat ne tarda pas à se signaler… La veille de la manifestation du 14 juillet 1942 à Carcassonne, interdite par Vichy, organisée par Albert Picolo en faveur de la République, le préfet reçut Bruguier et Henri Gout dans son bureau. D’un ton menaçant, il leur intima de ne point participer à ce rassemblement, où bien il serait contraint de sévir. D’après Bruguier, Cabouat s’engagea « à nous tenir compte de l’effort et non du résultat ». Il ne tint pas sa promesse.

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Albert Picolo

Le 6 août 1942, un télégramme chiffré du Ministère de l’intérieur rédigé depuis Vichy ordonne aux préfets régionaux (Olivier de Sardan à Montpellier) de prendre des mesures d’internement contre « les éléments les plus actifs communistes, gaullistes, anglophiles ouvertement hostiles au gouvernement. » Les préfets devront faire parvenir les noms. Le lendemain, la préfecture de l’Aude adresse sa réponse accompagnée des noms de Bruguier, sénateur du gard, et ses deux fils ; Picolo, professeur retraité ; Mme Picolo, pharmacienne ; Teyssere, secrétaire du syndicat de l’usine de Salsigne ; Demons, ancien inspecteur primaire.

Après la Libération de Carcassonne, M. Biscaye - secrétaire de l’inspection académique - porta plainte contre M. Cabouat après du Président de la commission d’épuration de l’Aude.

« Les instituteurs et institutrices furent « matraqués » solidement, du moins ceux qui avaient échappé aux rigueurs du précédent préfet M. Alapetite : promotions et mutations furent refusées à tous les suspects ; des déplacements d’office furent imposés à l’inspecteur de l’académie. Delrieu. Le choc psychologique s’abattit sur un certain nombre d’employés de préfecture. Deux chefs de division sur trois, furent limogés ; l’un Bes Marcel, acculé à la retraite, l’autre Guiter, déplacé à Cahors. Il n’avait qu’un tort, passer pour un ferme républicain et d’appartenir à une famille de libres-penseurs. Le choix psychologique s’abattit aussi sur moi (Biscaye, NDLR),. Je fus donc, sur le conseil du Président de la Légion - le sire Caillard - aujourd’hui emprisonné, proposé par le préfet pour un déplacement d’office.

Certes, M. Cabouat, se dire républicain. Mais l’était-il de 1940 à 1942 ? Il fera également valoir la qualité d’israélite de Mme Cabouat (née Hendlé, NDLR) ; mais en 1941, il faisait baptiser et communier ses enfants (Ils ont 20 ans, NDLR) à toute vapeur, expédiant même l’un d’eux au collège catholique de Bétharras, tout cela pour se « dédouanner ». (…) Nous affirmons qu’à l’époque où le vent soufflait de Vichy, il était l’auxiliaire brutal du gouvernement qui l’employait. Nous dénions donc à M. Cabouat le droit de prétendre à une préfecture dans la Ive République. »

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© ADA 11

En vertu de ses accusations, la Commission départementale de contrôle et d’épuration de l’Aude rappelle à M. Biscaye le 12 mars 1945, que le 6 novembre 1944 elle a proposé l’arrestation de Jean Cabouat. Ceci n’a pas été suivi des faits, comme d’ailleurs pour les autres préfets de l’Aude sous Vichy. Jean Cabouat nommé préfet du Pas-de-Calais, entra en fonction le 1er septembre 1944. Là-bas, il virera sa veste et fera emprisonner les collaborateurs… Evidemment, les américains et les FFI étaient aux portes de la préfecture. Il demanda ensuite à être relevé de ses fonctions pour être déféré devant la commission d’épuration du ministère de l’intérieur. Il n’y passera jamais, ne sera pas frappé d’Indignité nationale et conservera par conséquent sa légion d’honneur. Le 1er août 1945, il est nommé directeur de la sûreté de la zone française d’occupation en Allemagne. Entre le 9 octobre 1946 et le 30 juin 1947, Jean Cabouat est lavé plus blanc que blanc… Le voilà désormais chef de mission au cabinet du général Kœnig, commandant en chef français en Allemagne. A côté d’un proche du général de Gaulle, que pourrait-on reprocher à l’ancien préfet de l’Aude ? Il sera même candidat à l’O.N.U en juillet 1946 !

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Le général Pierre Kœnig

Comme beaucoup d’anciens hauts fonctionnaires de Vichy, Jean Cabouat bénéficiera de soutiens. Son fils, Jean Marcel Emile, obtiendra le statut de Déporte Interné Résistant. Un membre de sa famille, Paul Cabouat, sera maire provisoire de Nîmes à la Libération après avoir servi dans les F.F.I. Nulle doute également que l’ancien préfet de l’Aude sut se faire oublier au moment opportun. Il est décédé le 7 octobre 1969.

Sources

Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

ADA 11 / Commission d'épuration

Dictionnaire biographique des préfets

La France, terre de refuge et de désobéissance civile / L.Yagil / 2010

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

Que faire de l'ancienne droguerie Gazaniol ?

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En 2007, la ville de Carcassonne administrée par Gérard Larrat achète l'ancienne droguerie Gazaniol située dans la rue Chartrand. Le maire a un projet pour cet ancien commerce dont le propriétaire vient de prendre la retraite. Il souhaite regrouper à cet endroit, au cœur de la ville, tous les services culturels avec pour point d'ancrage, les anciennes halles à volaille. 

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© Martial Andrieu

Dans un article du journal "La dépêche", son adjointe à la culture, Madame Broussy explique en février 2009 que "Tous les services devraient y être regroupés, du patrimoine au pôle culturel (locataire de ses locaux actuels rue de la République) en passant par les billetteries (théâtre, Dôme, Chapeau Rouge, auditorium…). En outre, ce nouveau centre accueillera les « chargés » des futurs centres d'affaires et de congrès." La ville souhaitait transformer les Halles en interface de service public. Un projet innovant puisque une borne "drive-in" aurait permis de prendre les billets pour le festival sans avoir à se garer. Il était même question de créer là une espèce d'auditorium muni d'un écran qui, avec un fond sonore, proposerait une découverte des deux cités, bien sûr, et de la ville en général.

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© Martial Andrieu

Les Halles pourraient devenir un local destiné aux jeunes avec un pôle multimédia par exemple. Pour conforter sa vocation de services "tout public", la structure devait accueillir des toilettes publiques, une nursery pour éviter aux jeunes mamans et papas de langer leurs enfants dans les toilettes des bars, mais aussi un espace de « consignes » où touristes et locaux pourraient déposer bagages ou commissions. Enfin, une sorte d'annexe de la bibliothèque municipale devrait être créée afin que tout un chacun puisse lire son bouquin ou son journal préféré en bonne compagnie. Sans précisément chiffrer, le coût de l'opération se montait à 4 millions d'euros.

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© Chroniques de Carcassonne

Gérard Larrat a bien son idée derrière la tête, car son équipe vient de réaliser la transformation des halles, côté rue de Verdun. Cet endroit devient en 2008 un lieu d'expositions. Il est inauguré avec les collections des sculpteurs Yvonne Gisclard-Cau et Paul Manaut, puis d'Olivier Parayre. Le projet Larrat n'ira pas à son terme, car une nouvelle municipalité fut élue en septembre 2009. Le nouveau maire et son conseil municipal ne donna pas de suite à cette réalisation. Le lieu d'exposition accueilla une petite médiathèque avec accès internet. Le Pôle culturel alla s'établir dans la Salle du Dôme, puis dans des bureaux mitoyens.

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L'ancienne droguerie servit d'exposition pour les commerçants du coin. On y mit un papier collé sur la vitrine avec de la publicité touristique de la ville. Quelle destination demain pour ces locaux ? Voilà une question que nous soulevons...

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018 

Un mort qui ne l'était pas, sauf pour les services de l'Etat-civil

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Voici une affaire qui n'est pas le fruit d'une usurpation d'identité à des fins malhonnêtes mais l'erreur de services administratifs. Aussi incroyable que cela puisse paraître, là où certains sont jugés pour "Phobie administrative" hantés par le sketch du percepteur de Raymond Devos, d'autres se retrouvent morts alors qu'ils n'ont jamais quitté ce bas monde. C'est en substance qui arriva à mon oncle Pierre Alay en 1961.

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A cette époque, Pierre Alay dirige un orchestre de bal dont la renommée dépasse le département de l'Aude. Fiancé depuis peu de temps, il envisage même dans les prochains mois de se marier. Sa sœur, qui  vit elle aussi à Carcassonne, reçoit les condoléances d'une collègue de travail. "Quelle tristesse de mourir si jeune", lui dit avec des mots de compassion cette connaissance. Comment, il est mort ? Ajoute, sa sœur fort surprise. Mais, je viens de le quitter voilà à peine une heure ! La rumeur enfle et se répand en ville, où le nom de Pierre Alay est connu. Un homme affirme même être allé à son enterrement !

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Titre de la presse locale

Pierre Alay n'est pas mort physiquement. C'est pire que cela ! Il l'est devenu administrativement. L'état-civil de la mairie de Carcassonne a rédigé un acte de décès, après que la ville de Toulouse a transféré pour une raison inconnue, un bulletin de transcription après décès à son nom. Comme Lazare dans son tombeau, il fallait bien que Pierre Alay ressuscitât. L'administration ne l'entendit pas de cette oreille et le pauvre trépassé dut prouver sa bonne foi. Ce ne fut pas avant six mois qu'il put espérer un jugement du tribunal lui rendant la vie. En attendant, il erra dans la ville comme un fantôme avec les âmes du purgatoire administratif. A 89 ans, ceux qui voulaient enterrer Pierre Alay sont morts avant lui. 

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François, Pierre Milhet (1881-1949), député de l'Aude

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François, Pierre Milhet est né à Carcassonne le 9 avril 1881. Fervent défenseur de la laïcité, son premier mandat est celui de Conseiller municipal de Carcassonne. Sa profession d'Instituteur ne le dispense d'aller défendre la patrie durant la Grande guerre, dont il reviendra amputé du bras gauche. Il recevra la Médaille militaire et la Croix de guerre pour ses faits d'arme et prendra la présidence des mutilés de l'Aude.

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François Milhet est élu la première fois comme Député de l'Aude le 16 novembre 1919 sur la liste de la Fédération d'Union économique, agricole, démocratique et sociale. Il siège comme élu du Parti Radical Socialiste. Lors de son mandat, il défend la Société des Nations (ancêtre de l'ONU) dont il souhaite des pouvoirs étendus. A L'Assemblée nationale, il est membre de la commission des armées et des pensions militaires. Il veille également sur le budget des travaux publics afin que le Canal du midi n'y soit point oublié. Ses prises de positions contre le communisme pour défendre la propriété individuelle, sont radicales. François Milhet fera un second mandat le 11 mai 1924 puis se retira de la vie politique après celui-ci en 1928. Il mourra à Carcassonne le 16 octobre 1949 à l'âge de 68 ans.

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La maison de François Milhet dans laquelle sa sœur donnait des cours de piano ; elle est située sur la place Marcou dans la cité médiévale.

Sources

Dictionnaire des parlementaires (1889-1940)

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Les origines et la construction du Collège de Varsovie à Carcassonne

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Dans une précédente chronique en date du 11 août 2017, nous avions évoqué la création par la ville de Carcassonne du Collège de jeunes filles. Celui-ci avait provoqué l'expulsion des Sœurs Saint-Joseph de Cluny de leur couvent, situé dans l'actuel collège André Chénier. Ce nouveau collège est si prospère que le conseil d'administration dans sa délibération du 13 décembre 1912, émet le vœu qu'il puisse être transformé en lycée. Le conseil municipal valide ce souhait et charge l'administration communale d'effectuer les démarches nécessaires auprès des pouvoirs publics. Hélas, la Grande guerre interrompt ce projet. Les locaux seront réquisitionnés par l'autorité militaire afin d'y installer un hôpital complémentaire. En octobre 1915, le collège est transféré dans l'ancien couvent Notre-Dame, 42 rue Victor Hugo. Le 26 mai 1919, le maire Gaston Faucilhon lit en séance le rapport de Mlle Delbosc, directrice du collège.

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"La guerre a fatalement entraîné l'ajournement de ces projets mais la vitalité du Collège s'est affirmée au cours de ces années d'épreuves pendant lesquelles, malgré ses tribulations, il a prospéré. Son effectif actuel de 368 élèves pour une population de 30 000 habitants l'emporte sur celui de beaucoup de lycées dans des villes d'importance même supérieure. C'est pourquoi il ne me semble pas trop hardi de demander sa transformation prochaine."

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Mlle Delbosc, première directrice du lycée

Après la lecture de ce courrier, le conseil municipal confirme sa délibération du 6 juillet 1913. Il régularise également le transfert du collège de jeunes filles (Couvent de Cluny, rue de Verdun) à l'immeuble du Couvent Notre-Dame, rue Victor Hugo. Le 22 décembre 1913, le Dr Tomey nouvellement élu à la tête de la commune confirme que le projet "tant attendu" de transformation du collège en lycée sera mené rapidement. Il met en avant les conditions déplorables dans lesquelles sont accueillis les 350 élèves, supérieurs en nombre à ceux d'Agen ou de Montauban. Ce n'est que le 10 novembre 1925 qu'un traité constitutif est transmis, par le Ministre de l'Instruction publique, pour approbation. De nouvelles démarches seront entreprises, car l'enseignement du latin n'est pas prévu. 

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L'ancien couvent Notre-Dame avant sa transformation en lycée

Un lycée national de jeunes filles est créé à Carcassonne à compter du 1er octobre 1925. L'établissement recevra des externes libres et des externes surveillées. La ville est autorisée à y annexer un internat où seront admises des demi-pensionnaires et des pensionnaires.

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Porte de la chapelle de l'ancien couvent qui donnait dans la rue des Etudes. 

Le décret officialisant cette création est signé le 28 février 1926 par Edouard Daladier, ministre de l'instruction publique et Paul Doumer, ministre des finances. Daladier approuve le devis des travaux de transformations, sous réserves de l'exécutions des modifications demandées par la Commission des bâtiments des Lycées et des Collèges. Il serait trop long d'en reproduire ici le détail.

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Plan du rez-de-chaussée avant sa transformation

La dépense est arrêtée à 2 324 311 francs. L'état accorde une subvention à la hauteur de la moitié de la somme totale, payable par annuité de 150 000 frs pendant dix ans. 

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Le nouveau lycée de jeunes filles

Le 13 août 1929, l'entreprise Fiorio de Limoux est adjudicataire des travaux, tracés selon les plans des  Bertrand et Enderlin. Les travaux sont effectués en cinq tranches. Les deux premières sont livrées le 21 juillet 1933. La porte d'entrée donnant sur le boulevard du Canal (Bd de Varsovie) est en fer forgé, à deux battants sur l'imposte. Elle pèse 1033 kg... Le chauffage central est installé par M. Garric de Carcassonne et l'électricité par M. Laborde. Les autres entrepreneurs sont Chaveau, Busque, Cau, Bourrounet, Pomiès et les Forges de Strasbourg.

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Cour du lycée de jeunes filles

En 1937, des difficultés de trésorerie, consécutives au retard du versement de la subvention de l'état, conduisent l'entreprise Fiorio a arrêter le chantier. Les travaux ne reprendront qu'en 1939... Ils ne seront finalement réceptionnés que le 8 janvier 1941 ! L'entrée du lycée était jusqu'en 1931, 42 rue Victor Hugo. Au mois de février 1944, les Allemands réquisitionnent le lycée. Les élèves sont installés dans les locaux de l'école André Chénier. L'internat est déplacé à l'Hôtel Vitrac, rue du Pont vieux, qui devient la cantine. Depuis 1942, le propriétaire était rémunéré pour servir la Légion des Combattants et des Volontaires de la Révolution Nationale à raison de 40 000 francs annuels. Le personnel d'internat est logé dans des chambres en ville. 

Bureau d'administration sous l'Occupation

Jourdanne, maire

Mme Thomas, directrice

M. Granel, professeur adjoint

Mlle Escande, économe d'internat

Hyvert et Amiel, membres nommés par le Recteur 

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© ADA 11

Les Allemands dans le lycée sous l'Occupation

En 1947, des travaux de surélévation sont exécutés côté boulevard. L'architecte est M. Bourely et l'entrepreneur, Cazanave Noël. L'ancien lycée de jeunes de filles prend le nom de Varsovie après la guerre, en hommage à la ville martyr de Pologne rasée par les nazis. En 1960, la chapelle désaffectée est transformée en vestiaires au rez-de-chaussée et dortoirs, à l'étage. L'orgue est vendu à Mgr Cazemajou, chancelier de l'évêché. Où est-il aujourd'hui ? 

Sources

Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

L'enseignement public à Carcassonne / S. Dariscon-Rolland

Archives de l'Aude

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Émile Marchais (1899-1958), autopsie d'un préfet de l'Aude sous Vichy

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Notre enquête s'achève sur les préfets de l'Aude nommés par Vichy durant l'Occupation, par Emile, Lucien, Gilbert Marchais. Né à Saint-Yriex-la Perche dans le département de la Haute-Vienne le 9 novembre 1899, Emile Marchais est le fils d'un imprimeur. Il n'est mobilisé durant la Grande guerre qu'à partir du mois d'avril 1918, alors qu'il effectue ses études de droit. Il réside avec ses parents à Confolens (Charente) et obtient en 1926, une licence. Sa carrière de futur haut fonctionnaire débute comme attaché du cadre auxiliaire chef de cabinet du préfet des Ardennes. Jusqu'au 19 juillet 1940, où l'autorité allemande le relève de ses fonctions, il occupe plusieurs postes, notamment à Blois (Chef de cabinet de la préfecture), Châteaudun (Eure-et-Loir) et à Langres (Haute-Marne).

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Emile Marchais, sous-préfet de Montluçon

Le maréchal Pétain le nomme sous-préfet d'Alès (Gard) puis de Montluçon durant l'automne 1940. Le 18 juin 1942, Emile Marchais devient Intendant de police de la région de Lyon à la disposition du secrétaire général (René Bousquet), jusqu'à sa nomination comme préfet de l'Aude qui interviendra au mois de septembre 1943. Il remplace à ce poste Marc Freund-Valade, fonctionnaire à l'entière dévotion des lois de l'Etat-Français et responsable de la déportation du procureur Morelli. Marchais allait exercer ses fonctions dans la continuité de son prédécesseur, peut-être avec un peu moins de zèle. Comme tout préfet du maréchal Pétain qui se respectait, il recevait les chefs de la Milice ou celui de la Gestapo dans son bureau. Il n'empêcha pas les rafles des réfractaires du S.T.O, ni d'ailleurs celle des miliciens de Robert Pincemin contre les magasins juifs de Carcassonne. Une épopée dans laquelle les hommes au signe Gamma, volèrent plus de 50 000 francs à ces commerçants. Pas un mot, contre le crime de guerre de Trassanel, pas plus contre l'exécution des patriotes à Baudrigues. En revanche, quand vint la Libération de la ville, il ordonna la destruction des archives de la préfecture dans la chaudière. Trop de papiers compromettant finirent par la faire éclater. 

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La préfecture de l'Aude

Quand les F.F.I entrèrent dans Carcassonne le 21 août 1944, ils s'emparèrent de la préfecture. Au grand dam de Félix Roquefort, une semaine après, l'ancien préfet de Vichy n'était toujours pas arrêté. Protégé dans ses appartements préfectoraux à l'abri de l'épuration sauvage, son successeur allait lui sauver la mise. Pierre Augé, ancien consul de Chine et Résistant, nommé par Jacques Bounin (Commissaire de la République) arrivait à Carcassonne le 29 août 1944. Il devait remplacer le honteux Emile Marchais, compromis dans la politique de Vichy. Il négocia avec Gilbert de Chambrun (Chef régional de Libération), le représentant du commandant F.T.P et le Comité départemental de Libération, l'arrestation de Marchais.  La Cour de justice n'étant pas encore installée, Pierre Augé ne voulait pas de justice expéditive en Cour martiale pour son prédécesseur. Donc, contrairement à ses confrères du Languedoc, l'ancien préfet de l'Aude ne fut passé par les armes. Cette anecdote d'importance est racontée par Pierre Cazejust, secrétaire général de la préfecture de Pierre Augé à cette époque.

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L'Allemagne occupée en 1945

Emile Marchais a t-il pour autant été condamné par la Cour de justice ? Il est suspendu de ses fonctions le 28 août 1944, c'est la moindre des choses. Mit en disponibilité avec demi-traitement le 3 juillet 1945 et promu Secrétaire général du gouvernement de la Sarre, puis du Wurtenberg. Il s'agit ni plus ni moins d'une région d'Allemagne, placée sous tutelle de la France. Comme Jean Cabouat, préfet de l'Aude sous Vichy, Emile Marchais est recyclé auprès des Gaullistes authentiques en Allemagne. Peut-être enfin s'est-on aperçu en 1946 du passé peu glorieux de ce serviteur de Laval et Pétain ; le 1er juillet 1946 il est mis à la retraite.

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L'ancien préfet de l'Aude se recycle en devenant le directeur de la Cité hospitalière de Lille en janvier 1952, puis du C.H.R d'Angers où il mourra en fonction le 3 octobre 1953. Entre temps, la chancellerie de la Légion d'honneur le fera Chevalier suite au décret du 12 décembre 1952. L'enquête réalisée sur la moralité de l'impétrant laisse apparaître les mentions suivantes : "Bon fonctionnaire du cadre de réserve". La gendarmerie et le préfet du Nord émettent un avis favorable. Le 18 avril 1953, Emile Marchais, ancien préfet de Vichy, reçoit la croix de chevalier de la légion d'honneur des mains de Louis Dominique Antoine Fataccini - Commandeur de la Légion d'honneur. Nous sommes sous la IVe République ; une époque où l'on amnistie l'ensemble des anciens Miliciens de Darnand. Qui est Dominique Fataccini ? Engagé dès août 1940 dans la France Libre, ce militaire fut l'un des fidèles du général Leclerc en Afrique. Emile Marchais venait devant l'histoire d'obtenir un certificat de virginité. Fermez le ban ! Aux Morts de la Résistance...

Sources

Recherches, notes et synthèse / Martial Andrieu

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Les collections et curiosités de Carcassonne s'exposent au Musée des Beaux-arts

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Depuis l'ouverture de ce blog nous n'avons cessé d'appeler de nos vœux un inventaire et l'exposition des objets contenus dans les réserves du Musée des Beaux-arts. Il n'est jamais trop tard pour bien faire et sur ce point, remercions tous ceux qui viennent de répondre favorablement à notre longue attente. Le Musée des Beaux-arts vient d'inaugurer une exposition qui durera jusqu'au 19 mai 2018. Certains de ces objets proviennent de la mission d'évangélisation menée par le chanoine Verguet chez les indigènes.

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Je n'ai pas pu m'y rendre pour l'instant, mais j'ai obtenu des photographies. A défaut de musée archéologique, Carcassonne a trouvé le moyen de sortir de l'oubli pour un temps, quelques trésors qui sont l'objet - pour la plupart d'entre-eux - de dons provenant des membres de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne. Cette illustre société, fondée au milieu du XIXe siècle, a pris aujourd'hui le nom d'Académie.

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Entrée de l'exposition 

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Casque Ottoman

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Bimbeloterie du bagne.

Noix de coco sculptée en poire à poudre (XIXe siècle)

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Tête réduite de Jivaro (XIXe siècle)

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Les armes de la ville basse (XIVe siècle)

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Une des salles de l'exposition

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Du 23 février au 19 mai
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h
Le premier dimanche du mois de 14h30 à 17h30.
Entrée libre

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Une mystérieuse cave voutée sous l'ancien bureau de poste de la Cité...

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Au mois de février 1968, lorsque les ouvriers creusent en face de l'actuel Hôtel du Donjon dans la cité médiévale, ils font une belle trouvaille... A cet endroit, sur lequel s'élevait autrefois une maison à colombages appartenant à l'antiquaire Julien, ils doivent bâtir un bureau de poste. La municipalité Fil considérant la maison médiévale Julien comme une verrue, ordonna sa destruction dans les années 1960. Le terrain ainsi dégagé resta à l'abandon, jusqu'à ce que l'on décide d'y faire la poste.

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A gauche, la maison des antiquités Julien

Une fois la maison rasée, on déversa au fil des années à cet endroit de la terre de remblais. Tant, qu'à une hauteur de 2 mètres, finit par s'élever un talus avec des herbes folles. Le 6 février 1968, le bulldozer chargé de défoncer le terrain mit au jour une voûte qui semblait être l'amorce d'un souterrain. Les travaux furent alors interrompus et l'on dépêcha sur place M. Bourrely, architecte des Monuments historiques. L'expertise de ce dernier fit remonter la construction de la cave au XIIIe siècle. Au même endroit, il fut trouvé des pierres percées de trous circulaires qui auraient pu servir de canalisations.

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La voûte telle quelle après sa découverte

Dans l'un de nos articles, nous évoquons l'existence d'une cave sortant sous la rue de la Porte d'Aude. Il y certainement une relation avec celle-ci, située juste à l'arrière du bâtiment.

http://musiqueetpatrimoine.blogs.lindependant.com/archive/2014/12/26/une-mysterieuse-cave-voutee-sous-la-cite-de-carcassonne-204595.html

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Le bureau de poste a finalement été construit et la cave garde son mystère, même si elle n'a pas disparu. Aujourd'hui, la poste a été transformée en restaurant.

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La flèche rouge indique l'emplacement de l'entrée de la cave voûtée. Vous ne verrez rien car tout été muré. Ceci relance les légendes sur les souterrains de la Cité.

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Ce Carcassonnais compositeur de la musique du film "Conte d'automne" d'Eric Rohmer

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Il nous est si proche ce chanteur avec sa guitare en bandoulière qu'il gratte avec des allures de troubadour languedocien, que l'on serait loin d'imaginer son nom au générique d'un célèbre film. Par exemple, ce long métrage d'Eric Rohmer, prix du scénario à la Mostra de Venise. Et pourtant... Claude Marti, l'un des chantres de la langue occitane et défenseur de sa culture, fut approché par Rohmer pour composer la musique de son film. Il a alors rapproché de ce projet, tous ses amis musiciens de l'époque : Pierre Peyras, Gérard Pansanel et Antonello Salis. 

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Le tournage se déroulera à Saint-Paul trois châteaux dans l'Ardèche en été 1997. Claude Marti se souvient de l'exigence et de la précision d'Eric Rohmer, mais également de l'ambiance fraternelle. "On mangeait tous ensemble et il n'y avait pas de différence de traitement entre les différents protagonistes". 

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© Les films du losange

Claude Marti apparaît dans le film aux côtés des autres musiciens, lors de la scène finale du bal. Il y interprète ses propres compositions en langue occitane. Le film sortira en septembre 1998 en France et connaîtra le succès dans les salles et à la télévision.

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Le générique de la bande annonce

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"Splendeur et mort de Joaquin Murieta" de Pablo Néruda, au Festival de Carcassonne 1976

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Trois ans après l'arrivée au pouvoir de la dictature au Chili, l'adaptation française de l'unique pièce de Pablo Néruda donne la tonalité du Festival de Carcassonne 1976. Ecrite en 1967, "Fulgor y muette de Joaquin Murieta" est une pièce éminemment politique. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, le monde avait eu la naïveté de penser qu'il s'était débarrassé de toute nouvelle incursion fasciste au sein d'un état. Hélas, la bête immonde venait de ressusciter en Amérique latine, sous les traits du général Augusto Pinochet. Pour le héros de la pièce, Joaquin Murieta, l'or de la californie se transforme en bataille contre l'injustice, le racisme, l'esclavagisme et l'exploitation de l'homme dans le travail. Autant de plaies et de ressentiments qui n'inspirent chez lui que vengeance et révolte. Joaquin Murieta le Chilien part alors en quête de l'or, suivi de tout un peuple qui affrontera l'Amérique des nantis.

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© Charles Camberoque

Festival de Carcassonne 1976

Entre 1968 et 1975, le Centre dramatique National du Languedoc-Roussillon présidé par Jean Deschamps résidait à Carcassonne. Il faisait toute la programmation du Festival de la Cité dont la notoriété dépassait de loin les frontières de notre département. À cette époque, Carcassonne se trouvait presque sur le même pied d'égalité, en terme de programmation théâtrale, que le Festival d'Avignon. En 1975, Jean Deschamps décida de passer la main au comédien Jacques Echantillon. Le Théâtre du midi changea de nom pour Les tréteaux du midi, domiciliés cette fois à Béziers. La compagnie assurera également la programmation de la saison du théâtre municipal. Jacques Echantillon réalise la programmation en collaboration étroite avec les associations culturelles de la ville, les techniciens de la culture, les élus municipaux et les grandes organisations syndicales. L'adjoint à la culture de l'époque cite cette phrase de Paul Langevin : "La culture est ce qui permet à l'individu de sentir pleinement sa solidarité avec les autres hommes".

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"Certains réclamaient, dans notre programmation , une œuvre classique : pourquoi la chercher par-delà les siècles, quand elle est là, présente et bien vivante. Ecrit bien avant les évènements qui secouèrent les assises démocratiques du Chili et permirent au fascisme de récupérer cette énorme hacienda, cet hymne à la liberté réveille aujourd'hui en chacun de nous des résonances profondes. Ce flot tumultueux qui jaillit de la terre chilienne et du cœur de Néruda, on ne l'endigue pas derrière des montagnes de dollars. On ne passe pas de menottes à un torrent. Mais à ces eaux rouges de sang chilien, se mêle le sang de tous les peuples opprimés et meurtris.

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A ce chant des émigrés chiliens, se mêlent les voix de tous les émigrés du monde. A cette nostalgie de la terre chilienne, se mêle la nostalgie de tous ceux qui ont quitté leur famille et leur toit. La voix de Néruda, comme celle de tous les grands poètes, est entendue par-delà les océans, restera présente par-delà les années.

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© Charles Camberoque

Le dessinateur Tono Salazar a représenté, la tête de Néruda à fleur de terre, agrippée au sol par des racines, une branche sur le front. On ne peut comprendre le poète si l'on n'est pas comme lui, pétri de sable et de limon. Ce sera le premier visage de la pièce : un cate de naissance. La dernière sera un visage de mort : celle de la tête coupée de Murieta, la tête jonchée de toutes les têtes de tous les Murieta du monde. Entre ce deux visages est une longue marche, généreuse, joyeuse, naïve, passionnée, cocasse ou tragique, celle de tous les peuples qui se battent pour leur droit à la vie."

(Jacques Echantillon)

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© Charles Camberoque

 C'est le 8 juillet 1976 qu'est présentée l'adaptation française de Guy Suarès d'après la pièce de Néruda, au Festival de la Cité de Carcassonne. Les décors et costumes sont de Alain Tenenbaum, la chorégraphie de Paul Bogossian, la musique de Claude Marti, Michel Lebret, Jean Michel Mariou, Gilles Cardon, Vincent Lespagnol et Zilonca. La pièce est mise en scène par Jacques Échantillon.

Distribution

Avec Gil Baladou (Alberto Reyes), Jacques Echantillon (Juan Trois-doigts), Elsa Wolliaston (Chanteuse Noire), Zilouca (Chanteuse Brune), Elisabeth Mortensen (La Puce d’or), Jean-Jacques Lagarde (Le Chevalier Escroc), Michel Lebret (Le Bâteleur, Un Mexicain), Robert Bousquet (La Voix de Murieta, Un Chilien), Ariane Ario (Une Chilienne, Une Coriphée), Alain Tenenbaum (L’Indien), Daniel Jegou (Le Ranger), Edouard Kan, Jérôme Cartier, Paul Bogossian (Les Rangers, Les Encapuchonnés), France Darry (Coriphée), Vincent Lespagnol (Percussionniste), Paul Ville (Le Poète). Enfants des Tréteaux du Midi.

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© Charles Camberoque

La représentation initialement prévue le 7 juillet se jouera le lendemain en raison de la pluie. Parmi le public se trouve une invitée de marque, en la personne de Matilde Néruda (1912-1985), l'épouse du poète Chilien (photo ci-dessus). S'en suivra à l'issue du spectacle, une rencontre débat en sa présence.murietta 3.jpg

Il existe un enregistrement de ce spectacle qui a été mis en ligne sur Youtube. 

https://www.youtube.com/watch?v=a99fp76-_EU

Je remercie vivement le photographe Charles Camberoque pour ses photographies prises entre 1970 et 1980 au Festival de Carcassonne. Elle furent l'objet d'une exposition en juillet 1980 dans le foyer du Théâtre municipal. Plusieurs de ces clichés illustrèrent le magazine l'Avant-Scène. Toute utilisation est soumise à des droits photographiques et ne peut se faire sans le consentement de l'auteur.

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Jean Cabouat (1898-1969), autopsie d'un préfet de l'Aude sous Vichy

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Jean Michel Adrien Cabouat naît le 9 octobre 1898 à Cæn (Calvados). A l’âge de dix-huit ans, il s’engage dans l’armée française pour combattre les Allemands durant la Grande guerre, jusqu’en octobre 1919. Blessé de guerre, il sera amputé des orteils du pied gauche. Légion d’honneur et Croix de guerre à la boutonnière, Jean Cabouat se marie le 28 mai 1923 à Paris avec Marthe Hendlé (1899-1981). Cette dernière n’est autre que la petite fille d’Ernest Hendlé (1844-1900), ancien préfet de la Troisième République. De cette union, naîtront deux enfants : Jean Marcel Emile (1924-1990) et Michèle.

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Philippe Pétain, Jean Cabouat et Jules Jourdanne à Carcassonne en 1942

Pendant les années folles, Jean Cabouat occupera divers postes dans la haute administration dont le plus notable sera celui de chef particulier du secrétariat du Ministre des finances en 1921. Préfet du Lot en mai 1937, renonçant ensuite à son affectation spéciale en décembre 1939 et malgré une invalidité de 60%, il s’engage dans le conflit entre février et juillet 1940 au sein de l’armée française. Démobilisé après l’armistice, il se retire à Cahors.

Le 4 septembre 1940, le gouvernement de Vichy le nomme comme préfet de la Creuse. Sans zèle particulier mais avec application, Jean Cabouat met en œuvre les textes fondant la Révolution Nationale. Parmi eux, les lois d’exception et lois raciales sur le premier statut des juifs (3 et 4 octobre 1940), visant l’internement des étrangers. 

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La préfecture de la Creuse à Guéret en 2018


On pourra citer à titre de témoignage, la lettre qu’il écrivit au Garde des Sceaux à Vichy au sujet du Dr Elman. Ce courrier a été posté par Bernard Elman, le fils de ce dernier, sur le site de Médiapart.

"J’ai l’honneur d’appeler votre haute attention sur la situation du Docteur ELMAN Moïse de Bourganeuf, sujet roumain naturalisé français par décret en date du 9 Juin 1938 а l’époque où il résidait а Pontarion (Creuse).
Nй le 2 Juin 1907 а Cétatéa Alba (Roumanie), le Docteur ELMAN s’est marié le 17 octobre 1934 а Montpellier avec Melle Genkin Eila, nйe le 8 septembre 1909 а Vitebsk (U.R.S.S.), étudiante en pharmacie ; il est père de deux enfants.
Très peu de temps après sa naturalisation, le Docteur ELMAN a quitté Pontarion pour s’installer а Bourganeuf sur la proposition qui lui avait été faite par l’Union des Coopérateurs du Centre, Société Coopérative au Capital et Personnel variables, possédant dans le département un nombre considérable de magasins d’alimentation а succursales multiples et une filiale intitulée « Coopération et Travail », Société de Secours Mutuels approuvée.
L’Union des Coopérateurs et sa filiale avaient divisé le département en secteurs attributs chacun à des médecins appointés chargés de soigner tous leurs adhérents moyennant un fixe de 50 000 francs auquel venaient s’ajouter le logement et les frais d’automobile.
Les tendances Front populaire de l’Union des Coopérateurs du Centre ont été nettement affirmées à plusieurs reprises et ses administrateurs se recrutaient aussi bien parmi les adhérents du parti Socialiste et Communiste qu’au sein des organisations syndicalistes les plus extrémistes.
Aussitôt installé à Bourganeuf, le Docteur ELMAN qui s’était jusqu’alors montré un adhérent fervent du syndicat médical de la Creuse démissionnait avec éclat et entrait directement en lutte avec cette organisation qui avait jusqu’alors refusé de soigner les adhérents de la société « Coopération et Travail » à des tarifs voisins de ceux de l’assistance médicale gratuite.
Son geste fut d’autant plus sévèrement apprécié qu’il avait mis tout en œuvre pour obtenir l’appui du syndicat à sa demande de naturalisation en faisant étalage d’un loyalisme de néophyte.
L’installation du Dr. Elman а Bourganeuf a coïncidé à peu de chose près avec l’afflux massif de réfugiés espagnols, et grâce à l’appui, pour ne pas dire à la complicité des autorités municipales de cette ville et notamment de M. RIFFATERRE, député-maire, ce praticien obtint que lui soit réservé le quasi-monopole des soins à donner au titre de l’assistance médicale gratuite aux réfugiés.
C’est ainsi qu’il a pu obtenir, sur état certifié par le Maire, le paiement d’honoraires d’assistance médicale gratuite s’élevant à la somme de 6.984 francs, uniquement pour les visites faites sur le territoire de la ville, sans aucune indemnité kilométrique.
D’autre part, le Docteur ELMAN a donné libre cours, depuis son installation dans sa nouvelle résidence aux sentiments qu’il avait jusqu’alors soigneusement cachés : devenu un des zélateurs les plus actifs de la municipalité, il a été pour elle, un propagandiste de premier ordre.
Pendant les hostilités, il a été mobilisé au titre de médecin auxiliaire du 15 octobre 1939 au 20 juillet 1940, d’abord а la 13ème section d’infirmier militaire а Clermont-Ferrand, puis au 171ème régiment régional а Saint-Gaudens et а Toulouse.
Depuis sa dйmobilisation, Monsieur le Docteur ELMAN s’est signalé à mon attention par sa propagande sournoise et fort habile d’ailleurs, la seule qui soit possible, c’est-а-dire de bouche-а-oreille.
Il n’est pas douteux qu’un médecin qui possède la totalité de sa clientиle dans la classe ouvrière d’une ville peut opérer du point de vue politique des ravages incessants du point de vue moral.
Bien que le contrat qui le liait а L’union des Coopérateurs du Centre soit devenu caduc depuis les hostilités, le Docteur ELMAN n’en a pas moins conservé une certaine autorité qu’il mettait au service d’un dénigrement systématique du régime actuel et de l’ordre nouveau.
J’ajoute qu’il est loin de donner l’impression d’un homme assimilé à nos mœurs et à notre culture. Retors d’allure et de manière, ayant conservé un fort accent étranger, prenant part difficilement à une discussion, il ne semble pas constituer un apport intéressant pour la collectivité française.
En résumé la personnalité du Docteur ELMAN s’apparente étroitement а une catégorie d’étrangers qui n’ont nullement appris à aimer la France et qui l’ont au contraire desservi utilisant à leur seul profit l’hospitalité et l’appui qu’ils en avaient obtenus.
C’est un métèque « dans le sens de plus antipathique et le plus mauvais du mot ».
C’est pourquoi, je ne puis que vous prier, Monsieur le Garde des Sceaux, de vouloir bien examiner la possibilité de réviser, dans le plus bref délai possible, le dossier du Docteur Elman, en vue du retrait de la naturalisation dont il a bénéficié ainsi que sa femme."

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Georges Bruguier, victime de J. Cabouat

C’est après son passage en Creuse que le préfet Cabouat est nommé dans l’Aude par le maréchal Pétain. Il arrive dans la préfecture audoise en remplacement de Paul Alapetite le 6 juillet 1941. Il y restera jusqu’en septembre 1942 avant de laisser la place au sinistre Marc Freund-Valade. Cabouat ne tarda pas à se signaler… La veille de la manifestation du 14 juillet 1942 à Carcassonne, interdite par Vichy, organisée par Albert Picolo en faveur de la République, le préfet reçut Bruguier et Henri Gout dans son bureau. D’un ton menaçant, il leur intima de ne point participer à ce rassemblement, où bien il serait contraint de sévir. D’après Bruguier, Cabouat s’engagea « à nous tenir compte de l’effort et non du résultat ». Il ne tint pas sa promesse d'après Bruguier.

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Albert Picolo

Le 6 août 1942, un télégramme chiffré du Ministère de l’intérieur rédigé depuis Vichy ordonne aux préfets régionaux (Olivier de Sardan à Montpellier) de prendre des mesures d’internement contre « les éléments les plus actifs communistes, gaullistes, anglophiles ouvertement hostiles au gouvernement. » Les préfets devront faire parvenir les noms. Le lendemain, la préfecture de l’Aude adresse sa réponse accompagnée des noms de Bruguier, sénateur du gard, et ses deux fils ; Picolo, professeur retraité ; Mme Picolo, pharmacienne ; Teyssere, secrétaire du syndicat de l’usine de Salsigne ; Demons, ancien inspecteur primaire.

Après la Libération de Carcassonne, M. Biscaye - secrétaire de l’inspection académique - porta plainte contre M. Cabouat après du Président de la commission d’épuration de l’Aude.

« Les instituteurs et institutrices furent « matraqués » solidement, du moins ceux qui avaient échappé aux rigueurs du précédent préfet M. Alapetite : promotions et mutations furent refusées à tous les suspects ; des déplacements d’office furent imposés à l’inspecteur de l’académie. Delrieu. Le choc psychologique s’abattit sur un certain nombre d’employés de préfecture. Deux chefs de division sur trois, furent limogés ; l’un Bes Marcel, acculé à la retraite, l’autre Guiter, déplacé à Cahors. Il n’avait qu’un tort, passer pour un ferme républicain et d’appartenir à une famille de libres-penseurs. Le choix psychologique s’abattit aussi sur moi (Biscaye, NDLR),. Je fus donc, sur le conseil du Président de la Légion - le sire Caillard - aujourd’hui emprisonné, proposé par le préfet pour un déplacement d’office.

Certes, M. Cabouat, se dire républicain. Mais l’était-il de 1940 à 1942 ? Il fera également valoir la qualité d’israélite de Mme Cabouat (née Hendlé, NDLR) ; mais en 1941, il faisait baptiser et communier ses enfants (Ils ont 20 ans, NDLR) à toute vapeur, expédiant même l’un d’eux au collège catholique de Bétharras, tout cela pour se « dédouanner ». (…) Nous affirmons qu’à l’époque où le vent soufflait de Vichy, il était l’auxiliaire brutal du gouvernement qui l’employait. Nous dénions donc à M. Cabouat le droit de prétendre à une préfecture dans la Ive République. »

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© ADA 11

En vertu de ses accusations, la Commission départementale de contrôle et d’épuration de l’Aude rappelle à M. Biscaye le 12 mars 1945, que le 6 novembre 1944 elle a proposé l’arrestation de Jean Cabouat. Ceci n’a pas été suivi des faits, comme d’ailleurs pour les autres préfets de l’Aude sous Vichy. Jean Cabouat nommé préfet du Pas-de-Calais, entra en fonction le 1er septembre 1944. Là-bas, il virera sa veste et fera emprisonner les collaborateurs… Evidemment, les américains et les FFI étaient aux portes de la préfecture. Il demanda ensuite à être relevé de ses fonctions pour être déféré devant la commission d’épuration du ministère de l’intérieur. Celle-ci déclare le préfet innocent des accusations portées contre lui, pour ce qui concerne l'affaire Bruguier et Biscaye. Nous synthétisons ci-dessous sa réthorique de défense.

 
A la suite de la manifestation du 14 juillet 1942, tous les fonctionnaires ayant participé à cette manifestation doivent être suspendus de leurs fonctions. On demande à Jean Cabouat une liste de noms.
Jean reçoit du Commissaire de Police un liste d’une trentaine de noms, qu’il communique à Vichy, tout en nuançant: "On ne peut affirmer d’une façon précise si elles sont venues sur ces lieux pour manifester ou pour se promener."
 Selon lui, "Le lendemain 6 août, je recevais du Préfet Régional le télégramme chiffré secret, reproduit dans la lettre de M. Le Sénateur Bruguier. Deux solutions s’offraient à moi : répondre et organiser une parade ou refuser de répondre et démissionner. Cette seconde méthode peut, avec un certain recul dans le temps et dans l’espace paraître séduisante, mais elle aurait eu pour effet immédiat de faire reposer sur des épaules plus jeunes et moins expérimentées des responsabilités qui étaient les miennes. A cette époque, en effet, mon successeur n’avait pas encore été désigné. C’est donc le Secrétaire Général ou le Chef de cabinet, peut-être tout simplement le Commissaire des Renseignements Généraux (…), qui auraient dû se substituer à moi. J’ai préféré la première solution, qui me paraissait d’autant plus honnête qu’en raison des événements du 14 juilllet, des rapports de police parvenus à Vichy à la suite, le Gouvernement ne pouvait ignorer ou feindre d’ignorer les personnalités politiques "ouvertement hostiles au Gouvernement." Je rédigeai donc la réponse figurant également dans la lettre de M. le Sénateur Bruguier et je téléphonais aussitôt à M. Cado, Directeur Général Adjoint à Vichy pour lui faire connaître les objections très sérieuses que je voyais à l’application de la mesure projetée. J’ajoutais que l’internement des personnalités, dont les noms m’étaient demandés, me mettrait déjà en très mauvaise posture sur le plan moral, mais qu’il ne fallait pas compter sur moi pour signer l’arrêté d’internement." Le 8 août 1942, Jean Cabouat écrit, se référant à l’accord qu’il avait conclu avec les organisateurs de la manifestation: "J’estime l’internement de M.M. Bruguier et autres promoteurs de la manifestation du 14 juillet absolument contre-indiqué. (…) si le Gouvernment qui connaît mon point de vue, il pourra toujours le faire, mais je ne saurais sans manquer moi-même à un engagement bilatéral jusqu’à présent respecté, signer moi-même ces décisions."
Le 29 aout, le Préfet régional l’appelle pour demander de nouvelles propositions d’internement "pour exemplarité." (sic)  Jean Cabouat signale alors "l’intérêt que présenterait l’internement de Demons Bernard et Joseph Teysseyre."
En septembre 1942 a lieu une manifestation pour célébrer la victoire française de Valmy. Un distributeur de tracts est arrêté et donne les noms de Bruguier. Bruguier est arrêté. Motif de l’internement : distribution de tracts durant la manifestation Valmy. L’arrestation de Bruguier n’est donc pas liée à la manifestation du 14 juillet 1942, mais à celle de septembre 1942. A ce moment-là, Cabouat n’est plus en poste. C'est pour cette raison que Cabouat est relaxé devant la Commission d'épuration.
 
Dans sa défense, M. Cabouat précise quelles furent ses activités dans la Résistance entre novembre 1940 et le printemps 1941. Pouvait-on parler de Résistance à cette époque ? Ceci paraît bien léger... d'ailleurs, jamais Jean Cabouat ne paraît dans les dossiers de résistants du Service Historique de la Défense. Devant la Commission d'épuration, on ne compte plus en 1945 les accusés tentant de faire valoir des faits de résistance. Sans chercher à accabler le préfet Cabouat, tout en regardant l'histoire à travers ses archives, disons qu'être jugé par une Commission d'épuration située à 800 km de Carcassonne en mai 1945, garantissait une certaine mansuétude de la part des jurés. Que serait-il arrivé si le préfet avait été jugé devant la Cour de justice de Carcassonne en octobre 1944 ?
 
 Sur ce point nous laissons les lecteurs juges des conclusions du président de la Commission d'épuration. "Les préfets en fonction ne pouvaient agir autrement. Ce qu'il s'agit de savoir c'est : S'il fallait ou s'il ne fallait pas accepter d'être Préfet à l'époque." Evidemment, lui répondrais-je aujourd'hui. Tout le monde n'a pas eu le courage de résister comme le préfet Jean Moulin. Doit-on pour autant exonérer Jean Cabouat des responsabilités qui furent les siennes pour faire appliquer les lois de Vichy ? Il n'est tout de même pas à côté du général de Gaulle à Londres en photo, mais à côté du maréchal Pétain en 1941 à Carcassonne... 

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Jean Cabouat (à droite) avec Pétain en 1941 à Carcassonne

Le 1er août 1945, il est nommé directeur de la sûreté de la zone française d’occupation en Allemagne. Entre le 9 octobre 1946 et le 30 juin 1947, le voilà désormais chef de mission au cabinet du général Kœnig, commandant en chef français en Allemagne. A côté d’un proche du général de Gaulle, que pourrait-on reprocher à l’ancien préfet de l’Aude ? Il sera même candidat à l’O.N.U en juillet 1946 !

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Le général Pierre Kœnig

Comme beaucoup d’anciens hauts fonctionnaires de Vichy, Jean Cabouat bénéficiera de soutiens. Son fils, Jean Marcel Emile, obtiendra le statut de Déporte Interné Résistant. Un membre de sa famille, Paul Cabouat, sera maire provisoire de Nîmes à la Libération après avoir servi dans les F.F.I. Nulle doute également que l’ancien préfet de l’Aude sut se faire oublier au moment opportun. Il est décédé le 7 octobre 1969.

Sources

Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

Archives nationales

ADA 11 / Commission d'épuration

Dictionnaire biographique des préfets

La France, terre de refuge et de désobéissance civile / L.Yagil / 2010

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

À la recherche de la tuilerie disparue du Pont rouge...

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 Dans ce paysage géologique du Carcassonnais, il n'est pas utile d'aller bien loin pour trouver des sols argileux de couleur rougeâtre. Au XIXe siècle, on ne compte plus le nombre de tuileries et briquèteries installées tout autour de la capitale audoise. Aussi, il nous a paru intéressant de tenter de reconstituer l'historique de l'une d'entre elles, à savoir la Tuilerie du Pont-rouge. 

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La tuilerie du Pont-rouge avant le carrefour de Bezons

Michel Féréol Brique (1919- 1900) - enfant abandonné à l'âge de quinze mois devant la porte de l'hôpital de Carcassonne - va devenir le patron de l'une des plus importante tuilerie du secteur. Il vit avec Marie Sabatier, son épouse, à Pennautier. De cette union, naîtront plusieurs enfants : Louis, Anna, Marie, Claire  et Bernard. Veuf de bonne heure, il se remariera avec Marthe Bonnave avec laquelle il finira sa vie.

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© Jacques Blanco

Cette tuilerie située sur la commune de Villemoustaussou existe déjà d'après le recensement de 1866. Elle est alors exploitée par la famille de Pierre Ormières. Il nous est permis de penser que Michel Brique a repris cette affaire entre 1866 et 1872, année où le recensement mentionne son nom pour la première fois à cet endroit. 

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© Jacques Blanco

 Le 5 juillet 1900, après la mort de Michel les biens sont en indivision entre ses trois fils. Les filles n’arrivaient qu’en seconde position sur l’ordre d’héritage. Une vente sur licitation des biens immobiliers (tuilerie et terres) a eu lieu. Retrouvé dans un article de presse de l'époque, l'inventaire des possessions de Michel Brique nous a renseigné sur l'importance de la tuilerie. Chez les Brique, les fils sont aussi tuiliers. Bernard travaille chez Fournial à Trèbes et Louis, aidait jusque-là son père.28279917_1701618549900066_3185766282133766144_o.jpg

La tuilerie vue depuis la rive du Canal du midi

 Il s'agit donc d'une maison d'habitation avec ses dépendances formant la Tuilerie dite du Pont Rouge. Faut-il voir dans l'origine du nom de Pont rouge, la couleur de la brique ? Cette hypothèse n'a jamais été avancée, mais elle prend au regard de notre article une sacrée tournure. La tuilerie comprennait : sols, fours à cuire les briques, puits avec pompe, hangars, cave et grenier à fourrage. A l'intérieur, le matériel est constitué par une machine à malaxeur, une machine à barrots, une charrette, deux tombereaux, un cheval, un rouleau en pierre avec trainoir, deux moules à tuiles et courbettes, deux battoirs pour briques, etc. La maison d'habitation est élevée d'un étage sur le rez-de-chaussée, constituée en tuiles à canal. Une vigne attenante contient 1200 souches environs ; l'ensemble forme une surface d'environs 13 ares, 70 centiares. La surface sera réduite de 9 ares puisque Michel Brique l'avait vendu à la compagnie des tramways à vapeur de l'Aude le 20 mars 1900. 

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© Jacques Blanco

Aspect de ce qu'il reste de la carrière de Saint-Pierre

La famille Brique possédait deux carrières, pour extraire la terre argileuse indispensable à la fabrication des briques et des tuiles. La première dite de Saint-Peyre ou Parrano, située à quelques 500 mètres du carrefour de Bezons en direction de Conques-sur-Orbiel, faisait 20 ares. La seconde, dite "Caye de Saint-Pierre", avait une contenance de 54 ares. Toutes les deux étaient à équidistance de la tuilerie et permettaient de l'approvisionner en terre assez rapidement.

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© Jacques Blanco

La carrière à la Caye de St-Pierre 

C’est le cadet des Brique qui bénéficia de la tuilerie. Louis Brique fit donc tourner la tuilerie avec son épouse Alexandrine née Auriol et ses enfants : Pierre et Achille. Ce dernier mourra en 1923 lors d’une opération militaire à l’âge de 21 ans (1902-1923). Pierre (1896-1978) marié avec Paule Gout (1900-1998) sera amputé du bras droit en 1915 lors des combats de la Grande guerre. Il ne poursuit pas la carrière de tuilier, il est employé. En 1950, il habite 14 rue Tourtel et est représentant en produits agricoles. En 1969, les bâtiments de l’ancienne tuilerie Brique du Pont rouge sont vendus.

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© Claude Marquié

On peut également penser que l'usine à deux pas de là, fut élevée avec les matériaux de la tuilerie Brique. La cheminée porte le millésime de l'année 1905.

 

La tuilerie de la route de Toulouse

Après avoir hérité de la tuilerie du Pont Rouge, Louis Brique fondera ou reprendra celle de Septours située route de Toulouse. L'annuaire de 1904 mentionne la tuilerie Brique au n°10. C'est à cette époque les premiers bâtiments en entrant dans Carcassonne.

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Bâtiments de la tuilerie Brique vus du ciel en 1954

Rasée dans les années 80, la tuilerie occupait les terrains à l'arrière de l'actuelle pharmacie Baldy. Ci-dessus, on aperçoit les bâtiments en forme de T, un peu en arrière de la route.

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© Jacques Blanco

Sur le terrain, il ne reste que peu de vestiges. L'emplacement probable d'une cheminée avec les traces de la fumée sur les briques, par exemple.

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© IGN

La carrière d'où était extraite la terre d'argile se trouvait à l'actuel n°11 de la rue Mozart. Sur la photo ci-dessus, c'est cette espèce de tache blanche en bas. D'après M. Satgé du domaine d'Alibert, elle fut ensuite régulièrement comblée avec des déchets et servit de dépotoir. Dans la tuilerie, les pain d'argile arrivait sur un tapis roulant, étaient ensuite tranchés. L'ouvrier leur donnait la forme de la tuile directement sur la cuisse.

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Dans les années 1935, Louis Brique vendit son affaire à Louis Blaché. Ce fut la "Tuilerie du Méridien". Pendant trois ans, il édifia une maison témoin avec les briques de son usine. Nous la voyons ci-dessus ; elle fait le bonheur actuellement d'une pizzeria.

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© Coll. Martial Andrieu

Louis Blaché qui avait choisi le mauvais côté durant l'Occupation allemande, ne revint à Carcassonne qu'après 1951. Sa tuilerie perdura pendant ce temps. Il ne reste désormais plus que son ancienne habitation. 

Sources

Huile coude et Gasoil

Relations de terrain

Recensements de Villemoustaussou

Presse locale de 1900

Etat-civil de Villemoustaussou et Arzens

À partir de presque rien, on peut arriver tout de même à réaliser des miracles... Comment ? En combinant la science du terrain et les rapports avec les habitants, avec la recherche historique et généalogique depuis son ordinateur. C'est ce travail que nous avons mené Jacques Blanco et moi-même, chacun de notre côté mais avec complémentarité.

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"Le Cid" de Pierre Corneille avec Francis Huster à Carcassonne en 1976

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Francis Huster, désormais parrain du Festival de Carcassonne, n'a pas découvert les planches de notre ville récemment. Sa première intervention remonte au 4 juillet 1971. Jean Deschamps qui l'avait repéré au conservatoire, lui proposa de mettre en scène "Les amours de Jacques le fataliste" d'après le roman de Denis Diderot. La représentation eut lieu dans la Cour du Midi, à l'intérieur du Château comtal avec Jacques Spiesser dans le rôle du Maître. C'est ce même comédien qui, cinq ans plus tard, réalisera la mise-en-scène du Cid de Pierre Corneille dans le Grand théâtre. Le premier grand rôle du répertoire pour Francis Huster à Carcassonne, avec pour décor les remparts de la Cité. Quelle magie !

"J'ai joué "Le Cid" pour la première fois en costume moyenâgeux en 1976, au Festival de Carcassonne." (Francis Huster / Paris-Match / 1993)

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© Charles Camberoque

Francis Huster dans "Le Cid"à Carcassonne le 15 juillet 1976

Distribution

Mise en scène de Jacques Spiesser, avec Francis Huster de la Comédie-Française (Don Rodrigue), François Eichotzer (Le Comte) fut remplacé au dernier instant par Claude Dreyfus, Georges Audoubert, de la Comédie-Française (Don Diègue), Yves le Moign (Don Arias), Hervé Briaux (Don Sanche), Patrice Alexandre (Le Roi de Castille), Martine Chevalier (Chimène), Elisabeth Bourgine (Elvire), Léa Anthome (Léonor), Françoise Thuries (L’Infante).

Merci à Charles Camberoque pour sa photo

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La famille Schwayder, réfugiée à Carcassonne et exterminée à Auschwitz.

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Au mois d'août 1940, la famille Schwayder de confession juive quitte Saint-Leu-la-forêt et se réfugie à Carcassonne, située en zone non occupée, chez un ami de Caunes-Minervois nommé Sabarthès. Ceci, bien entendu, afin d'éviter d'être arrêtée par les nazis. Henri, Sarah, Marthe et Rachel sont logés chez Madame veuve Castan, avec leur amie Marguerite Regairaz dans une maison située au n° 52 de la route minervoise. Henri travaillera au ravitaillement des viandes et Marthe, à la perception. Comme beaucoup de juifs français, ils s'étaient signalés comme tels auprès de la préfecture, suivant les lois de Vichy.

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A l'angle de la rue Parmentier et de la route Minervoise, étaient logée la famille Schwayder

Le 18 mai 1944, Mlle Regairaz se présente affolée chez le voisin Léon Fraîche avec lequel la famille entretient d'excellent rapports. La Gestapo vient d'arrêter à leur domicile les quatre frères et sœurs Schwayder. Deux agents en civil, se sont présentés chez eux au moment du dîner. Ils demandèrent M. Schwayder ; Henri répondit, lequel ? Ensuite, la Gestapo les obligea à la suivre, mais comme elle ne disposait qu'un d'un petit véhicule, elle fit deux voyages. Ainsi, les quatre membres de la famille Schwayder se retrouvèrent au siège du SD, route de Toulouse.

La veille, un inconnu s'était présenté chez les Schwayder vers 22 heures pour les avertir que leur arrestation allait intervenir durant la nuit. Henri Schwayder se sentant seul visé, alla coucher chez un ami en ville. Nous savons ceci grâce au témoignage de Léon Fraîche, à qui Henri se confia. Ce dernier lui laissa même une petite valise qu'il avait préparée en vue de son départ. Le lendemain vers 11 heures du matin, apprenant que rien ne s'était passé au cours de la nuit, Henri Schwayder est rentré chez lui, tranquillisé, déclarant même qu'il devait s'agir d'un faux renseignement. 

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La rampe d'Auschwitz à l'arrivée d'un convoi

Après leur arrestation, les Schwayder seront internés à Drancy avant leur départ en wagon à Bestiaux vers Auschwitz. Ils seront gazés dès leur arrivée au camp, le 4 juin 1944. Deux autres frères, Ernest (73, rue du maréchal Foch à Taverny) et Charles (à Cachan) essaieront de savoir ce qu'il est arrivé à leur famille. En 1946, la ville de Carcassonne déclarera les quatre Schwayder comme décédés. Nous avons retrouvés leurs noms dans le Journal Officiel du 2 janvier 2001.

Henri, né le 30.12.1884 à Paris. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

Marthe, née le 25.11.1944 à Paris. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

Rachel, née le 12.07.1886 à Paris. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

Sarah, née le 2.07.1882. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

D'après l'enquête menée par Charles Schwayder, ses frères et sœurs ont été "arrêtés sur dénonciations de deux collaborateurs volontaires, complices d'assassins, les nommés Fernand M, chef de division au service des étrangers de la préfecture de l'Aude, et le sieur Roger S, chef de bureau au service des étrangers à la dite préfecture pendant l'Occupation, et actuellement encore. Quelques jours après l'arrestation de mes frères et sœurs, quatre allemands, sous la conduite d'un nommé Mayer, sous officier à la Kommandantur de Carcassonne, sont venus piller leurs affaires enfermées dans des salles entreposées bénévolement chez M. Fraîche, important tout : vêtements, vaisselle, bijoux et argent, plus un peu de ce qui appartenait à leur propriétaire M. Fraîche. Sans les indications des deux personnages cités plus haut M et S, les boches n'auraient jamais eu connaissance des noms des membres de ma famille."

Dans cette enquête diligentée par le parquet en 1947, le résistant Albert Piccolo déclare que "Monsieur Roger S, fournissait la liste des réfugiés juifs à la police allemande". Il ne se serait pas fait sonner les cloches, puisqu'il est demeuré en poste après la Libération. Peut-être est-il allé porter un cierge dans l'église du saint patron des vignerons... Dans cette triste histoire, on peut retenir que les juifs français se sentaient en confiance dans leur pays. Que les allemands n'auraient pas pu intervenir sans l'appui des fonctionnaires de l'Etat-Français. 

Sources

Archives du Service Historique de la Défense

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L'éclairage public à Carcassonne du Moyen-âge à nos jours

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Comme toutes les villes du royaume, Carcassonne, au Moyen-âge, était la nuit venue plongée dans l'obscurité la plus totale. Quand les cloches de Saint-Michel et de Saint-Vincent sonnaient l'Angélus du soir et annonçaient le couvre-feu, les échoppes de la "Carriera major"ou de la rue de la Pélisserie se fermaient. Les rues boueuses devenaient alors de véritables coupe-gorges. Au XVe siècle, il existait bien quelques lumières installées aux carrefours des rues, mais comme l'entretien incombait aux habitants, ceux-ci se dérobaient le plus souvent à cette tâche. En juin 1697, sous le règne de Louis XIV, fut promulgué un édit pour l'établissement des lanternes. Suspendues à une potence, elles s'abaissaient et se levaient au moyen d'une corde passée sur une poulie. Toutefois, l'éclairage était assez timide.

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© Vincent photographies

A Paris, l'huile remplaça le suif à la suite d'un concours à l'Académie des sciences en 1765. A Carcassonne, il faudra attendre le 10 décembre 1771 pour que l'on installe vingt grandes lanternes à vitres, garnies en plomb, à cul de lampe, avec cordes et poulies. Ce système ne survivra pas longtemps, car seuls trois citoyens de la ville acceptèrent la charge de les placer à leurs frais et de les entretenir : Bages, Pontet et Ferrier. Pour remédier cette défaillance, la municipalité met en adjudication le service d'éclairage par délibération du conseil municipal en date du 7 décembre 1779.

A cet effet, un devis et un plan sont dressés par Jean Dolbau, ingénieur géographe du roy, architecte et inspecteur des travaux publics de Carcassonne. Le bail est remporté par les sieurs Vidal, Guyot et Malaviaille. Le prestataire installera des lanternes peu de temps avant le 1er novembre et commencera à les allumer le soir de la Toussaint de six heures à quatre heures du matin. Il n'y aura pas d'allumage, les nuits de pleine lune. En 1783, Argand mit au point l'éclairage avec lampe à huile rationnelle à qui Quinquet donna son nom.

Les rues, places et promenades de la ville, de ses faubourgs et de la Cité comptaient 79 lanternes. Elle passèrent à 136 en 1838, après que l'on a supprimé l'huile trop chère par celle de colza. En 1847, les deux familles Feuillerade et Pagès s'occupèrent respectivement de la Ville basse et de la Cité avec ses faubourgs.

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Bec de gaz au hameau de Villalbe

Un changement notable intervint avec l'industrie du gaz, due au Français Philippe Le Bon. Louis XVIII fonde une société royale en 1820 et plusieurs villes adoptent le nouveau mode d'éclairage au gaz. Carcassonne fut la première ville de l'Aude à s'y intéresser. La délibération du conseil municipal du 23 mars 1846 décide que le gaz serait substitué à l'huile à partir du 16 août 1847. L'adjudication en revint à la Compagnie Blanchet, le 10 mai 1846. Initialement prévus en fonte, les tuyaux durent être remplacés par de la tôle en fer étamée et bitumée joints par un long pas de vis. La fonte ne résisterait pas au passage des charrettes ou au un tassement de la chaussée. Compte tenu de l'économie réalisée par l'utilisation des tuyaux en fer, plus chers à l'achat, mais faciles à poser et ne demandant que peu d'entretien, il était demandé à la Compagnie de prolonger leur canalisation jusqu'à la rive droite de l'Aude en traversant le Pont neuf, éclairant ainsi les faubourgs de la Trivalle et de la Barbacane.

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L'usine à gaz de Carcassonne en 1963

A la fin de l'année 1846, le travaux de construction de l'usine à gaz débutèrent sur un terrain situé en dehors de la ville appartenant à M. Cabrié. L'usine comprenait une salle des fours couverte d'une toiture en tôle, une salle d'épuration avec ventilateur, une cheminée de 33 mètres de hauteur, deux gazomètres de 400 m2 chacun. On accédait à l'usine depuis l'allée de Bezons, par le chemin dit du "gazomètre". Le directeur ou "fermier"était M. Paul Léonard Pailhiez-Piécour, représentant la Cie Blanchet frères. Le personnel de l'usine était composé d'un contremaître, M. Delmas, de trois chauffeurs de fours : Auguste, Antoine et Pierre. Ils se relayaient toutes les huit heures pour un salaire de 50 francs mensuels. Messieurs Chameau, Sabatier, Charlou et Raymond étaient allumeurs de réverbères et s'occupaient chacun d'une section de la ville. Dans les faubourgs encore éclairés à l'huile, on faisait appel à Marie et Jeanne Bousquatier, ainsi qu'aux épouses Chameau et Sabatier.

La Cie Blanchet fut mise en difficulté par les événements de 1848. La vile signa un traité avec M. Bellenger, fermier de l'usine à gaz depuis 1849. Dans son cahier des charges, l'entrepreneur devait réaliser les travaux nécessaires pour éclairer au gaz les faubourgs l'Araignon, Barbacane, Trivalle et la Cité, ainsi que la route principale conduisant à la gare de chemin de fer. Au total : 7000 mètres de canalisations nouvelles, 125 becs de gaz dont 20 candélabres et 105 consoles. Chaque bec étant positionné à une distance de 40 mètres et à une hauteur de 4 mètres du niveau du pavé. Le prix du gaz par bec et par heure sera de 3 centimes, pour une consommation de 140 à 150 litres à l'heure. 

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© Coll. Martial Andrieu

Dans les années 50, on voit fort bien les gazomètres

En 1865, l'usine à gaz est cédée à la Société Néerlandaise pour l'éclairage et le chauffage par le gaz basée à La Haye. Le Hollandais M. Gros devint directeur, secondé par un contremaître, M. Mestre. L'usine entreprit des travaux d'agrandissement vers l'Est jusqu'à l'Aude. Un troisième gazomètre de 1500 m3 comprenant 8 piliers en maçonnerie fut construit, puis un autre en 1870 et un cinquième de 5000 m3. Ainsi furent éclairés entre 1868 et 1869, les actuels lieux suivants : Jacobins, Bd Sarraut, Iéna, Laraignon, square Chénier, pont Marengo, Caserne Laperrine, Palais de justice, St-Gimer, rue Antoine Marty et chemin de Montredon. Des bâtiments furent également éclairés progressivement : La gare (1867), la Préfecture et la cathédrale St-Michel (1868) et l'Hôtel Dieu. A la cité, les lices alors pourvues de vieilles maisons de tisserands possédèrent 8 becs de gaz. A partir du 1er juin 1866, la société laissa le gaz dans les canalisations le jour afin que les habitants puissent se chauffer. 

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Réverbère dans les lices vers 1900

En 1887, l'usine était reprise par la Compagnie Générale Française et Continentale d'Eclairage. La municipalité faisait stipuler dans un avenant "Le directeur de l'usine à gaz sera toujours de nationalité française".

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© Henri Alaux

Les ouvriers et allumeurs de réverbères en 1896

Elle prit dix ans plus tard le nom de "Société du Gaz de Carcassonne". Elle subsista jusqu'en 1946, date à laquelle elle fut intégrée au Gaz de France.

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© I.G.N

Les deux gazomètres et l'usine en 1958

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© Google maps

Vue aérienne du site en 2018

L'arrivée du gaz de Lacq à Carcassonne va sonner le glas du gaz de houille à partir de 1963. Les deux gazomètres, derniers témoins de l'usine à gaz seront rasés au mois d'avril 1974 par l'entreprise Olivier, de Revel. 

Sources

Conférence de M.Guérin au C.D.D.P / Octobre 1974

Exposition "Gaz-Panorama"

Midi-Libre / Avril 1974

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